Reconnu comme réaliste, Jerald Silva a passé une grande partie de sa carrière à redéfinir le "réalisme". Le réalisme de Silva est peut-être laborieux dans sa restitution des objets observés dans le monde qui l’entoure, mais il n’est pas naturaliste. Il réorganise, modifie, voire fausse la nature des choses observées et leurs relations les unes aux autres, le tout en fonction des réponses subjectives de l'artiste. On pourrait même dire que Silva se laisse aller à son propre point de vue au détriment de la véracité. À cet égard, il exploite l'une des autorisations accordées uniquement par la peinture. défier la perception en donnant un nouvel ordre à la perception. Silva ne défie pas la véracité; il défie la véracité simple.

Le concept des fenêtres embuées : des fenêtres qui s’ouvrent sur un paysage, une ville ou un jardin, mais nous – le spectateur et moi- sommes à l’intérieur d’une pièce. Ces peintures sont une espèce de métaphore du dessin comme geste : vous faites une trace sur une feuille vierge et cette trace vous ouvre un monde de possibilités. La surface disparaît de notre conscience. Passez la main sur une fenêtre embuée et la fenêtre s’ouvre alors sur le monde extérieur. Comme le dessin sur le papier, chaque trace compte.

Mon procédé technique est très simple : il est important que les graffitis sur les fenêtres n’aient aucun lien avec le paysage derrière. On ressent l’intimité dans ces tableaux car on a tous déjà fait de tels dessins. Je peins d’abord le graffiti à l’aide de ciment à base de caoutchouc. Une fois la peinture vaporisée et que la couleur s’est comportée comme bon lui semble, retirez le ciment afin de dévoiler le papier blanc en-dessous.

L'Art de l'Aquarelle (15) Jerald Silva