Amoureuse de la couleur, Shirley Trevena se fie à son seul instinct pour peindre. Composition, tonalités, effets de texture : tout est réalisé dans une indépendance totale vis-à-vis des règles. Grâce à elle, on comprend mieux comment l’acte de création est inséparable d’une certaine liberté.
Fiche
A propos de Nature morte sur une table de jardin : "Cette peinture m’a été inspirée par un soleil radieux, un jardin à la française, et une rangée de fenêtres de style conservatoire. J’ai toujours été intéressée par les échanges entre l’intérieur et l’extérieur d’une maison, un espace de chevauchement qui peut parfois prendre la forme d’une simple vitre. Dans cette peinture, j’illustre comment le verre peut être transparent, ou vu de l’extérieur à travers une surface noire qui obstrue la vue. Mais cette composition peut aussi bien se rattacher à l’intérieur d’une maison : l’on a des indices sur le fait que l’on est à l’extérieur (les couleurs fortes, le banc, et l’utilisation des verts vibrants)".
Mes années d’expérimentations ont parfois été douloureuses et je n’ai pas été à l’abri de journées de grand découragement. Cela reste pour un moi un total mystère que l’on puisse créer une superbe œuvre un jour et totalement rater celle du jour suivant. Mais c’est le prix à payer pour que chaque jour et chaque œuvre soit différente.
L'art de l'aquarelle #2, page 62
La méthode de Shirley pour un tableau réussi :
- Une composition solide : Je commence par le choix de mes objets, mais tout se règle et évolue pendant la conduite de l’œuvre. Parfois je m’aide d’un croquis sur lequel je place mes objets et indique rapidement ombres et lumières.
- Une combinaison colorée audacieuse : deux couleurs mises côte à côte peuvent créer des étincelles, tel jaune/rose ou orange/violet. J’aime les couleurs fortes et saturées, avec une préférence pour le turquoise et le rose, moi qui ne porte que du beige et du gris.
- Une représentation personnelle des objets : ils ne sont jamais présentés dans leur entité. Un soupçon de forme, une teinte mouvante, des inscriptions qui continuent au-delà de l’objet, des lignes qui disparaissent : tels sont quelques moyens de conférer du mystère à son œuvre.
- Une distanciation vis-à-vis de la réalité : je ne trouve pas d’intérêt en art à la représentation photographique. La réalité est là pour être manipulée et un objet pour être représenté de manière personnel, abstraite s’il le faut.
- Un désir d’innovation : essayer d’aller toujours plus loin, de se dépasser, de ne pas se répéter, de pousser les frontières. Quitte à recommencer son œuvre jusqu’à satisfaction.