L'aquarelle asiatique est une fois de plus à l'honneur avec la biennale internationale de Shenzhen et les rencontres avec les Taïwanais Huang Hsiao-Hui et Chien Chung Wei, le Chinois Chen-Wen Cheng, le Malaisien   Tan Suz Chiang. et le thaïlandais Adisorn Pornsirikarn. Quelle brillot asiatique !

Dans l'actualité nous restons en Asie pour révéler le Thailandais Bancha Sriwong-Rach et ses scènes parisiennes, l'indien Amit Kapoor et le Singapourien Ky Tam.

Le dossier nous révèle la nouvelle génération d'aquarelles en Russie avec    Dasha Rybina, Konstantin Sterkhov, Alexander Votsmush et Anna Ivanova.

Une rencontre avec les couleurs de   Barbara Nechis et les nus de Franck Perrot.

L'actualité

Concours

La salle des Consuls, Narbonne

Le Concours mondial de l’Aquarelle 2014

Nous avons patienté depuis un an pour connaître le résultat du concours international de l'Aquarelle. Nous voici sur la ligne d'arrivée, à Narbonne, en ce 1er octobre 2014.

Georges Artaud avait fait le déplacement depuis Le Mans pour recevoir le Prix de la Meilleure peinture française, assorti de 1 500 euros et d’un reportage dans le prochain numéro du magazine (voir Ada 24 et portfolio).

Le Grand prix du jury fut décerné à Chen-Wen Cheng pour son portrait intitulé Loving Mother. Cette récompense était assortie de 8 900 euros de récompense, ainsi que d’un reportage dans le magazine (en page 50 de ce numéro).


Pour rappel, les oeuvres des 23 finalistes sont publiées au #22 de l'Art de l'Aquarelle dans la section Portfolio.




    Le Mondial de l’Aquarelle a été le concours le plus important de l’année pour un grand nombre d’artistes professionnels et amateurs et, pour certains, de leur carrière. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2 000 participants à la sélection en provenance de 82 pays.
Selon les estimations, vous étiez plus de 50 000 à avoir eu le plaisir de découvrir en personne l’exposition du Concours mondial dans la belle ville de Narbonne, dans le sud de la France. Vous avez ainsi pu admirer les peintures originales des artistes sélectionnés, qui pour la plupart n’étaient jamais venus exposer en France. Dans leur format réel, sans perte de qualité due à l’impression, encadrées et accrochées au mur, elles ont eu un impact très différent que lorsqu’on les voit imprimées, même en grand format, dans un magazine.
Le résultat fut époustouflant ! Cela fait plus de vingt ans que j’expose mes peintures dans des expositions internationales sur les 5 continents et j’ai jugé les plus grands concours d’aquarelle aux Etats-Unis, en Chine et en Europe : je peux donc vous dire que ce concours, ici en France, était l’un des meilleurs que j’aie jamais vus.


« Cinq des sept prix ont été donnés à des Chinois », ai-je entendu. Eh oui ! Les Chinois ont le plaisir de ramasser presque tous les prix dans les concours, dans tous les pays, aujourd’hui. C’est la réalité.

A partir du n° 24 de l’Art de l’Aquarelle (l’édition du mois de mars 2015), il y aura une rubrique spéciale réservée uniquement aux peintures de nos lecteurs. On vous invite à nous envoyer une photo d’une de vos oeuvres originales dans un thème précisé auparavant : pour inaugurer ce concours, nous avons choisi la nature morte.    

Présidente du Jury Janine Gallizia

Concours

Le 1er prix pour Chen-Wen Cheng



La Singapore Watercolour Society

Concours

Les gagnants du Concours junior

La Singapore Watercolour Society a fêté en septembre dernier ses 45 bougies. La SWS a grandi pour devenir au fil des ans une association professionnelle à but non lucratif qui compte aujourd’hui plus de 120 membres.

En 2009, Ng Woon Lam (voir Ada 24) devint le second aquarelliste singapourien à être membre signataire de l’AWS. Il fut nommé par la suite « Dolphin Fellow » en 2014 après que deux de ses tableaux ont reçu la médaille de bronze lors d’expositions annuelles de la Société. D’autres membres de SWS, tels que Chan Chang How, Chow Chin Chuan, Khoo Cheang Jin,   Lok Kerk Hwang, Tam Kwan Yuen,   Tan Suz Chiang (voir Abstrait), Marvin Chew, Loy Chye Chuan, Seah Kam Chuan, Tia Kee Woon, Chew Piak San et Zhu Hong.

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Return to Nature Series, 2014


La Biennale de Shenzhen

Vue de Shenzhen

Retour sur ...

La Biennale de Shenzhen

Le coup d’envoi de la manifestation a été donné en décembre 2013 et l’exposition itinérante, après plusieurs escales à travers le pays, est visible encore quelques jours au Musée de Hainan, dans la ville de Haikou.

« LA DEMANDE ÉTAIT TELLE DE LA PART DES ARTISTES CHINOIS DE DÉCOUVRIR L’AQUARELLE INTERNATIONALE, ET RÉCIPROQUEMENT, QUE MONTER CETTE EXPOSITION ÉTAIT UN BESOIN URGENT. »
C’EST EN CES TERMES QUE L’ARTISTE CHINOIS ZHOUTIANYA EXPLIQUE CE QUI L’A MOTIVÉ À ORGANISER CETTE TRÈS AMBITIEUSE BIENNALE ITINÉRANTE, QUI FERME SES PORTES LE 10 DÉCEMBRE… AVANT L’OUVERTURE DE LA 2E ÉDITION, PRÉVUE DANS UN AN.

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Médaille d’or : Zhao Jitong (Chine),Gazing.107 x 77 cm.

250 artistes venus du monde entier ; un jury réunissant des personnalités aussi distinctes que Lu Hong (Chine) et Liu Shouxiang (Chine), David Taylor, (Australie), John Salminen (USA), Thomas Plunkett (GB), Andy Wood (GB), Chen Jian (Chine), ainsi que Zhou Tianya lui-même et Li Xiaoyang (Chine), et qui décerna plus de 70 000 USD de prix.

Véritablement tournée vers l’international, l’exposition a permis de confronter une vaste diversité de styles et d’approches de l’aquarelle, un signe, s’il en était, de sa vitalité. Plus de 10 000 visiteurs purent ainsi admirer les oeuvres lors de la première exposition à Shenzhen et, lors des dates suivantes, elle a connu un engouement sans précédent.

La suite est déjà sur les rails : la prochaine Biennale se tiendra entre 2015 et 2016 et ses inscriptions seront bientôt ouvertes à tous .

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In Front of the Table.Séquences nos 6 et 7 br />110 x 74 cm,Shao Yuhao




Révélations

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Rêve de lumière, 2013,61 x 48 cm

Alexis Le Borgne, talent de demain.

Il aura fallu seulement quatre ans à Alexis Le Borgne pour parvenir à une maîtrise telle de l’aquarelle qu’elle lui a permis de se classer, avec son oeuvre Rêve de lumière (ci-contre), 7e – sur 700 participants issus de 69 pays – d’un concours international réservé aux moins de trente ans.

Ce prix couronne le parcours sans faute de ce jeune artiste humble, passionné et timide, comme on l’est souvent à cet âge, et qui ne s’est procuré sa première palette d’aquarelle qu’en… 2010 !


    J’ai découvert l’aquarelle par hasard, grâce à une rencontre avec le carnettiste Yann Lesacher dans un Salon. Je suis allé sur son site, et ça m’a donné envie de me mettre à la couleur, car je dessinais déjà depuis l’âge de 10 ans. J’ai été saisi par la magie du pigment et de l’eau, la lumière de l’aquarelle.    

   Rêve de lumière

   C’est une oeuvre que j’avais préparée comme ça, pour inaugurer une nouvelle série sur les intérieurs. Mais j’avais quand même suivi les conseils de l’Art de l’Aquarelle sur la façon de préparer ses oeuvres pour un concours.    
P22 Alexis Le Borgne




Bancha Sriwong-Rach, artiste Thailandais en voyage à Paris.

    Ma série d’aquarelles intitulée “France” trouve son origine dans mes voyages dans l’Hexagone, qui m’ont laissé une forte impression. De visites de musées en excursions, j’ai vécu au rythme de la culture française en 2012-2013.
Ma première vision de Paris, en tant qu’artiste thaï, fut celle des tons chauds et de la beauté de l’architecture, qui m’ont ramené tout droit vers le XVIIIe siècle et l’époque impressionniste.
Afin de pouvoir traduire l’élégance des monuments et leur signification historique, j’ai réalisé cette série dans un esprit logique.

C’est ainsi que je n’ai pu résister aux puissants tons foncés, qui rappellent ceux qu’utilisaient les artistes d’alors. J’ai pu rendre l’irrésistible élégance de la lumière et la mise en couleur des ambiances architecturales et culturelles françaises, comme une pièce de théâtre qui aurait toujours cours depuis deux siècles

Mon travail à l’aquarelle repose sur la pose d’une sous-couche, et l’utilisation de tons gris et sombres. Il en résulte ces images à la fois charmantes et mystérieuses.


P 24 Bancha Sriwong-Rach



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Faces of my Village 3, 31 x 21 cm

Julio Jorge, Portugal.

    Enfant, l’une des choses que je préférais était de m’asseoir devant la cheminée lors des froides soirées d’hiver, après dîner, et d’écouter les histoires que me racontait mon grand-père, les yeux émerveillés, regardant son magnifique visage ridé, et me disant combien les vieilles personnes étaient des êtres pleins de sagesse. Depuis, les années ont passé, et j’ai réalisé que, après tout, la plupart des histoires que j’avais entendues enfant n’étaient que des comptes rendus de la dure vie quotidienne.


Adulte, ma fascination demeurait. Comme j’ai passé toute ma vie à Alentejo, une région rurale où la majorité de la population est âgée, je peux dire que les sources d’inspiration sont nombreuses, et qu’elles me poussent constamment à prendre les pinceaux.

J’essaie de ne peindre que des visages de gens que je connais, car j’aime leur parler, savoir qu’ils me font confiance, et de cette manière je peux ressentir leur âme, comprendre leurs joies et leurs peines et leur rappeler quels étaient leurs rêves.

Ma peinture est plutôt de nature réaliste, méticuleuse et précise. Je pratique une technique lente et de longue haleine qui exige beaucoup de patience, parce que la plupart du temps je peins dans l’humide, au moyen de petites touches, laissant les couleurs se mélanger et s’interpénétrer jusqu’à ce qu’elles atteignent les teintes voulues.

Je construis les visages petit à petit, les assemblant comme les pièces d’un puzzle…    
P 25 Julio Jorge




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Train Series 12. 91 x 122 cm

Amit Kapoor, Inde.

    Peindre à l’aquarelle est l’un de mes plus grands plaisirs et c’est même devenu une addiction ! L’art, pour moi, se rapproche de la méditation. J’essaie de capturer l’essence même de mes sujets avec passion, soignant particulièrement mon dessin.

Mes sujets ? Des rues, des scènes urbaines, des intérieurs, des cuisines… J’aime les villes, lesquelles offrent de jolis jeux d’ombre et de lumière et de belles perspectives. J’ai une passion pour les sujets ferroviaires : la fumée des locomotives, les voies ferrées, le remue-ménage dans les gares… J’ai également beaucoup voyagé dans les régions montagneuses d’Inde, et j’en ai même fait différentes séries.

Je crois dur comme fer à l’adage : “La pratique de l’art ne sert pas à gagner sa vie, mais à faire grandir votre âme.”    
P 26 Amit Kapoor




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Dazzle Me, Singapore, 2014, 100 x 180 cm

Ky Tam, Singapour

    Mes aquarelles prennent principalement pour sujets des scènes urbaines de nuit : les éclairages qui contrastent avec la noirceur du ciel forment un effet visuel saisissant qui attire le spectateur.Mes sujets incluent les paysages urbains de Singapour et de Hong Kong, où les gratte-ciel composent l’essentiel du paysage. Il y a aussi l’interaction de la figure humaine avec son environnement, qui me permet de décrire le mouvement humain dans ces villes.

Je commence par poser les sombres, en général le ciel ou les zones foncées des bâtiments ou des silhouettes. Puis je continue par une transition, un peu à la manière de Rembrandt, des foncés aux clairs (lumières de la ville) en réservant des zones blanches du papier ou en utilisant des couleurs éclatantes comme le jaune ou l’orange, qui offrent une transition rapide du sombre au clair. Ainsi j’arrive à rendre l’effet des éclairages dans les scènes urbaines.

Mon style pictural est ardu parce que les détails, dans de telles scènes, ont besoin d’être traduits très précisément, ce qui donne un portrait riche et complet de la vie urbaine. La complexité des formes me donne aussi une chance d’explorer les subtilités à la fois des valeurs et des températures des couleurs dans le design. Je sens qu’il y a encore beaucoup à explorer dans ces paysages urbains et je continuerai à le faire, à l’aquarelle, encore longtemps.    
P 27 Ky Tam